2020 Disponibles Photographie

Hors-champ

Roger Cozien

Roger Cozien est né sur l’île de la Réunion. Ses études l’ont mené jusqu’à une thèse de doctorat en informatique et sciences physiques.
Parallélement, il s’est initié très tôt à la photographie déburant sur son île natale dès les années de collège.
Son parcours photographique a croisé son parcours professionnel puisqu’il développe à la fois des techniques avancées et scientifiques de photographie mais également des logiciels scientifiques de traitement des images numériques.
Ces travaux scientifiques lui permettent de collaborer depuis plusieurs années avec l’Agence France-Presse, le ministère des Armées, le ministère de l’Intérieur, la Commission Européenne. Il est également expert  en photographie auprès de la Cour d’appel de Paris.
Sur le plan artistique et photographique, il puise son inspiration dans le cinéma et les séries modernes. Passionné par la technique et le matériel, il ne fait pas de distinction entre plaisir d’utiliser un type de matériel donné et le plaisir de photographier. Pour cette raison, il est très attaché à l’utilisation du Leica M et de ses optiques les plus récentes et performantes. Celles qui justement, permettent d’obtenir des images semblant sortir tout droit d’un film. Il cherche en permanence de nouvelles façons de photographier ainsi que les situations et conditions les plus « cinématographiques ».



Préface de Serge Mauger

La magie du monde appartient à ceux qui lèvent les yeux… et qui regardent. Moins à ceux qui se contentent de voir.
Roger Cozien fait partie de ceux qui regardent !

Equipé de ses Leica il délimite les contours du monde en arpentant les chemins de la vie, choisit des instants singuliers et arrache des images au trop plein de nos accumulations visuelles. « L’oeil n’a jamais fini de découvrir » dit l’Ecclésiaste. Mais on se souvient aussi que pour Jankélévitch, le philosophe du « presque rien », les choses essentielles à notre intériorité spirituelle et esthétique sont invisibles si on ne va pas les chercher à l’entour de nos routines. Ce qui revient à dire que l’imaginaire et l’ailleurs sont à portée de chacun pour peu que l’on adopte l’étonnement comme discipline.

Regarder, pour Roger Cozien, c’est déjouer les banalités du quotidien, dé-trivialiser des pans entiers de réalité en y projetant la fulgurante mathématique d’un champ visuel renouvelé. Regarder c’est placer le monde dans un polygone à angles droits et rejeter « hors champ » ce qui, momentanément, ne fait pas partie du concert intérieur. Le rectangle de la camera oscura pondère deux espaces, délimite une frontière et une porte d’accès entre le vague du laissé pour compte et la densité d’un lieu restitué à sa singularité. Oratoire marqué de paganisme et d’animisme le cadre est comme le temple tracé dans le ciel par Romulus et Remus pour lire leur destin. Tout ce qui s’y trouve devient signifiant, dense, essentiel. Ce moment de lumière captive marque le tempo de notre perception des choses, provoque l’éblouissement géométrique de l’instant contre le déroulement insensé, trépident et fade des saturations. On sertit le monde en deux dimensions pour le mettre en harmonie avec les lignes de force. Le « hors-champ » s’efface provisoirement et le « champ », chargé d’une densité stratifiée, embarque à son tour l’extérieur dans un récit créé par le théâtre de nos mémoires où l’imaginaire s’active.

Roger Cozien est l’un de ces aventuriers du réel, reporter de l’éphémère, qui, dans la parallèle de ses tâches professionnelles, envoie volontiers par dessus les toits tout son bagage d’entrepreneur surdiplômé et ses qualités d’experts pour redéfinir en images sa présence à hauteur d’homme en cherchant dans la vie les arpèges d’une symphonie graphique.
Contrairement à un Martin Parr, qui propose des sortes de chroniques sociales acérées proches du grotesque, où l’on hésite entre la fascination et la répulsion, entre l’humour et la commisération pathétique, Roger Cozien, dans ces cahiers « Hors Champ » n’opte pas pour une anthropologie du sordide ni pour creuser l’effroi splendide de la désolation. Pas plus qu’il n’explore les registres plus troublants d’une Diane Arbus, qui, avec ses arriérés mentaux et ses junkies, violente l’esthétique du bon goût, se veut lucide, cruelle et bienveillante.

Arrêtant ses pas au détour d’une rue de Rabat ou de Montréal, empruntant les couloirs du métro de Paris ou ceux des aéroports internationaux, Roger s’appuie au chambranle d’une porte, s’accoude aux choses immédiates des trottoirs, capte des éclats de lumière et se consacre à des plénitudes suspendues aux instants du hasard. Sa mission est de prendre acte de l’imprévu. à l’écart des prétentions conceptuelles qui sont parfois la gangrène d’une modernité infatuée, il explore l’espace en 24X36 pour témoigner d’une harmonie que les rafales du déclenchement pourront révéler sur un pari qui sollicite la chance. Il déclenche en apnée, cherchant l’essentiel d’une scène de genre entr’aperçue et par quoi le monde dit ce qu’il a à dire. C’est dans l’activité de langage que s’organise l’humain et se structure l’esprit. Son langage est intuitif et opère au-delà des mots. Mais ses photographies parlent, s’écoutent, se lisent en mode majeur. Le déclic au 1/8000 de seconde montre des choses qui se tiennent à l’écart, singulières, pleines d’évidences poétiques qui nous intègrent tous.

L’univers photographique de Roger Cozien est un silence qui suggère, un langage visuel propre à aborder les analogies. Une ancienne rhumerie des Caraïbes, qui pourrait être une désolation, se métamorphose en cathédrale de lianes parmi de vieilles structures métalliques aux résonnances de Tour Eiffel. Les racines de banians s’articulent aux vitraux de feuilles dans un instant de complicité où la lumière transcende les ruines. Et, par des similitudes de composition qui sont comme des sortes de rimes, on se retrouve à Paris, aux abords d’une brasserie dont le rapprochement, sans jamais rien épuiser des expériences, suggère une elliptique réalité de correspondances abstraites.

L’appareil photographique, même en grand angle et réglé sur l’infini, est toujours le microscope qui focalise l’esprit en lui suggérant tout un arrière ban de Hors champ. Un outil optique pour dévoiler la beauté fugace et étrange, disparue dans l’instant même où se dessine l’étonnante synchronie d’une fillette et de son chien, qui dansent d’un même pas sur le trottoir. Cette chose qui n’est arrivée qu’une seule fois et jamais plus n’arrivera, notée dans une fixité qui en déploie le mouvement. Le regard d’une autre petite fille, venue d’ailleurs, est mis en page pour créer une imaginaire complicité. Ailleurs encore, le monde est une polyphonie de ballons métalliques, gonflés à l’hélium, qui ont intégré la mémoire des carlingues d’un musée d’aéronefs. Ou bien c’est une haute note jaune captée un instant sur la robe d’une femme dans l’après-midi d’un quai souterrain.

Roger Cozien s’intéresse aux mystères a priori impalpables, fait de la chose qui arrive une ivresse éphémère, découvre les tournures insolites de ce qui devait n’être que la vie dans sa futilité. Une vanne rongée d’oxydations vertes et jaunes est relue en sculpture qui contient le récit d’une histoire pas si lointaine, peut-être la mémoire d’une domination sous servitude.
D’autres images renvoient à des dialogues imprévus et à distance, inexistants mais restitués par la rupture de l’espace temps et un autre arpentage des clôtures chronologiques. Il y aurait là comme une rencontre quantique. Il ne s’agit que d’ouvrir les yeux dans tous les endroits du monde, le métro ou le pont de Brooklyn, la terrasse d’un bar d’avant le confinement ou les flamboyants secrets de la nuit underground …
Photographier pour Roger Cozien c’est provoquer l’avènement de ce qui est là, en soustrayant tout ce qui surcharge la rétine et embrume l’esprit. C’est se désencombrer du cumul et du tumulte qui nous contraignent à l’indifférence et neutralisent notre capacité à la « différance »- si l’on veut parler comme Jacques Derrida. Ce qui demande un œil critique et un discernement fort éloigné des acrobaties bluffantes de l’art sans art. Dans cette concertation graphique, c’est l’instinct qui déclenche l’épiphanie du réel et nous oblige à tenir compte de l’insolite, à chambouler nos résignations systémiques et naïves d’automates du métro-boulot

Photographier c’est voir deux fois, peut-être trois, peut-être plus. Les attracteurs magnétiques et les lentilles asphériques de Roger Cozien l’emmènent dans tous les recoins de la planète. Il rafale à tout vent comme pour enquêter sur l’ultime décimale de l’inépuisable nombre Pi ou les frontières indécises des nombres premiers. Ce qui ne l’empêche pas d’admettre qu’il n’y a dans cette aventure de l’esprit rien qui prétendrait à une clôture résolutoire ni aucun discours définitif sur le monde ou sur l’image. Rien, si ce n’est des éblouissements provisoires et renouvelables.
Manière de rencontrer le plaisir d’être là, « mêlé des mains à la facilité du jour », aurait dit Saint John Perse.



Préface de Cyril Thomas – Directeur Général de Leica France & Bénélux
J’ai tout de suite été enthousiaste quand Roger m’a appris la parution prochaine de son premier livre photo. Je connais Roger depuis quelques années. Roger rentre dans cette catégorie des photographes avertis ; des gens dont le métier principal n’est pas la photographie, mais qui néanmoins n’ont rien à envier à des photographes professionnels. Nous avons là un grand voyageur passant d’un aéroport au suivant, habitué des décalages horaires et grand amateur de l’Amérique du Nord d’où il revient souvent avec des images contant de belles histoires.

Roger est depuis longtemps un passionné de photographie, à la recherche du « beau ». Cet ingénieur d’exception est doté d’une grande sensibilité et d’un regard singulier sur le monde qui l’entoure. Tel tout grand photographe, il a un « œil », c’est-à-dire cette extraordinaire aptitude à détecter une scène insolite, un moment particulier, une émotion, qu’il sait parfaitement immortaliser à l’aide de son Leica. J’ai toujours pensé que ces qualités sont essentielles pour devenir un grand photographe ; Roger est doté de toutes ces qualités qui se retrouvent dans le résultat de son travail photographique.

Roger est aussi percutant en couleur qu’en noir et blanc. D’un côté, il nous livre des images couleur piquées et contrastées, souvent animées par un éclairage subtil, de l’autre, sa sensibilité et la recherche d’une certaine sensualité sur son travail en noir et blanc, notamment avec les portraits où il excelle.
Son travail est fortement influencé par l’univers et le cadrage du cinéma.

 Roger n’est pas un homme de compromis. Quand il s’engage, c’est un engagement complet. Je pense que l’on peut dire de lui qu’il est un esthète. Que ce soit pour son travail de photographe ou dans ses goûts personnels, il est constamment à la recherche de l’exceptionnel et du beau. J’aime regarder son rapport à son Leica, qu’il emmène comme un compagnon de route dans tous ses déplacements.

 J’espère que ce livre est le premier d’une longue série de livres photo qui ne pourront que refléter la passion et la sensibilité de ce grand amoureux de la vie en constante recherche de perfection.




Format 25 x21 cm, 104 pages. Tirage quadri sur papier Artic G-snow couché 150 g/m2.ISBN : 978-2-490962-04-4.
Prix de vente 20€ plus 6€ pour les frais de port pour un exemplaire, 8€ pour deux exemplaires. Si vous souhaitez acquérir un exemplaire, vous pouvez télécharger un BON de COMMANDE (au format pdf) et envoyer un chèque de 20€ plus 6€ de frais de port, à l’ordre de « Galerie 175 – Éditions du Chameau », au 15 rue Mélingue 14000 Caen.


Quelques pages extraites du livre :

Le bon de commande :

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